En observant le nombre d’articles internet, de pages facebook ou autres dédiés au sujet du surdouement, on a l’impression que la question d’une intelligence hors norme fait l’objet d’une véritable vénération ! On y vante des caractéristiques considérées comme supérieures, une volonté d’être reconnu et d’exister pour cela, avec une forme de dénigrement
d’un fonctionnement ordinaire, comme si faire partie de cette communauté était une forme d’élitisme très sélectif et subjectif (tous les groupes sociaux ne s’attachent pas aux même critères). Pourtant, ces caractéristiques sont rencontrées par bon nombre de personnes n’ayant pas un QI supérieur à 130 qui se retrouvent dans ces descriptions et s’autoproclament alors HQI (d’où les remarques en milieu scolaire par exemple : « pfff de toute façon c’est une mode, ils sont tous
précoces dès qu’ils ont la moindre difficulté »). C’est l’effet barnum : on se reconnait dans une description générique semblant pourtant très particulière.
Non seulement cela discrédite les personnes vraiment précoces, mais cela peut également entrainer des difficultés d’intégration encore plus grandes.
De nombreuses idées reçues
De nombreuses idées reçues sont véhiculées dans les médias, issues d’observations réalisées par des professionnels de santé au sein de leur cabinet. Ces informations sont biaisées du fait que les professionnels reçoivent rarement des personnes qui vont très bien et n’ont pas besoin d’aide pour se comprendre et s’adapter. On appelle cela un biais de sélection : on décrit et on analyse un comportement sur un échantillon non représentatif. En ressortent alors une multitude de préjugés sur le fonctionnement des surdoués, amenant à des mythes de plus en plus ésotériques.
Des études menées qui confirmeraient ces idées reçues sont en réalité souvent biaisées, soit parce qu’elles cherchent à confirmer ce que les chercheurs pensent savoir, soit les personnes participant à ces études ont un profil prédéterminé qui inconsciemment va orienter ou biaiser les résultats.
Ces idées reçues sont rassurantes pour les personnes qui s’y retrouvent à un moment donné car elles se sentent incomprises, y trouvent une explication de leur souffrance et se sentent donc soulagées en mettant du sens sur leur vécu douloureux. En plus la notion d’intelligence au dessus de la moyenne est quelque chose de plutôt valorisant.
Le danger de ces idées reçues est aussi un enfermement dans un mode de fonctionnement souvent vécu comme douloureux. Cela devient une fatalité inévitable, excusant la moindre difficulté rencontrée.
Ceci étant dit, ces caractéristiques ne sont peut être pas spécifiques, mais cela ne signifie pas pour autant que ces personnes ne les vivent pas. Il faut simplement faire la part des choses dans leur fonctionnement pour éviter de passer à côté de vrais troubles, pouvant trouver des solutions connues et efficaces (exemple du Trouble déficitaire de l’attention, comprenant dans ses symptômes un besoin de bouger, des difficultés à gérer ses émotions…), mais également pour ne pas vivre ces difficultés soit disant caractéristiques comme une fatalité dont on ne peut sortir.
HYPERSENSIBILITE :
L’hypersensibilité est un terme généraliste un peu fourre tout, dont on a rarement la même définition. Ce phénomène est lié aux sens, aux capacités cognitives et à l’état émotionnel. On peut tous traverser une phase d’hypersensibilité plus ou moins longue.
Concernant les sens, ou esthésie (capacité à percevoir des sensations), il y a plusieurs modes de fonctionnement :
- L’hypo-sensibilité : on ressent peu les stimuli extérieurs
- L’hyper-sensibilité : on ressent fortement les stimuli extérieurs (exemple : l’oreille absolue, un odorat très développé)
- La recherche de sensations : on va avoir besoin de sensations fortes pour les ressentir. Ceci serait dû à un seuil de captation très élevé. On retrouve ce fonctionnement par exemple chez les personnes présentant un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité.
- L’évitement de sensations : les sensations sont tellement envahissantes qu’on va éviter au maximum les situations qui nous y confrontent. Par exemple les lieux avec des odeurs très fortes (comme les parfumeries), avec du bruit (festival…).