Le mutisme sélectif

Le mutisme sélectif est un trouble anxieux mal connu. D’après les rares études qui portent sur ce trouble, seuls 1% des enfants seraient concernés, et majoritairement des filles. Toutefois, il est fort probable que ce trouble soit largement sous-diagnostiqué tant les cas de mutisme sélectif sont facilement niés ou banalisés par l’entourage : « il est juste timide, il finira bien par parler quand il sera prêt, laissez-le donc tranquille ! ».

On observe chez l’enfant une capacité à parler sans difficulté à la maison, entouré de personnes de confiance, sans aucun doute sur ses possibilités. D’un autre côté, cet enfant sera dans l’incapacité de parler, voir même de sortir un son oral dans les lieux publics (rue, école, magasins…) ou en présence de personnes inconnues.

Il peut apparaitre chez un enfant sachant normalement parler. Ce n’est pas un manque de connaissance ou de confort dans la langue parlée. Il n’est pas lié à un trouble de la parole (dysphasie, bégaiement…). Cependant, ce trouble l’empêche d’interagir verbalement avec des personnes du quotidien ou dans des situations particulières durant plus d’un mois, par exemple avec des étrangers ou à l’école. Un enfant souffrant du mutisme sélectif peut être totalement silencieux à l’école pendant des années tout en parlant librement ou même excessivement chez lui.

Particulièrement chez les jeunes enfants, le mutisme sélectif peut parfois être confondu avec un trouble du spectre autistique, surtout si l’enfant agit particulièrement en retrait autour de son diagnostiqueur, ce qui peut conduire à un diagnostic et à un traitement incorrects.  Bien que les personnes autistes puissent également être sélectivement mutiques, elles affichent souvent d’autres comportements – autostimulation, comportements répétitifs, isolement social même parmi les membres de la famille (ne répondant pas toujours au nom, par exemple) – qui les distinguent d’un enfant atteint de mutisme sélectif. 

Plus l’attente de l’entourage est important, plus l’enfant ressentira une pression qui le paralysera. C’est souvent interprété comme de l’impolitesse, un caprice ou de la timidité. Or, il est plus proche d’une anxiété sociale grave que d’une simple timidité. Ce trouble peut interférer avec la réussite scolaire. Il peut donner l’impression d’un trouble de l’attention, ou d’une incapacité cognitive, même s’il n’en est rien.

Le mutisme sélectif est dû au fait que le cerveau est tellement débordé que la personne est incapable de parler. Il semble lié à:

  • Génétique et histoire de la famille : Sans que ce soit leur faute, leur cerveau peut être simplement câblé pour être plus sensible. Il existe souvent des antécédents familiaux de traits d’anxiété, d’autres membres de la famille ayant eu des problèmes d’anxiété.
  • Les facteurs de stress de la vie/ traumas psychologiques : Les situations de vie stressantes (par exemple, divorce, séparation, brimades, etc).

On peut observer :

  • Anxiété sociale, peur de l’embarras social ou du rejet
  • Difficulté à maintenir le contact visuel
  • Expression vide et réticence au sourire
  • Mouvements raides et maladroits
  • Difficultés à exprimer ses sentiments
  • Désir de routine, aversion du changement
  • Sensibilité au bruit et à la foule
  • Humeur changeante
  • Problèmes de sommeil

D’autre part, on observe aussi :

  • Une intelligence, une perception ou une curiosité importante
  • De la créativité et une passion pour les arts
  • Une grande empathie

Il existe divers degrés de ce trouble : certains enfants participent pleinement à des activités et semblent sociables mais ne parlent pas, d’autres ne vont parler qu’à des enfants du même âge mais pas aux adultes, d’autres vont parler à des adultes lorsqu’il leur est posé une question ne demandant qu’une réponse courte mais jamais à des enfants du même âge, et d’autres encore ne parleront à personne et prendront part, le cas échéant, au peu des activités qui leur sont proposées.

En conclusion, l’enfant qui ne parle pas en dehors du cadre familial ne le fait pas exprès, ne cherche pas à manipuler son entourage mais vit une anxiété extrême qui peut le paralyser.

Il est important d’obtenir de l’aide et du soutien.

Lorsqu’il n’est pas traité ou qu’il n’est pas pris en charge, le mutisme sélectif peut entraîner de graves problèmes au fur et à mesure que l’enfant grandit :

  • L’isolement social, ainsi qu’un risque accru d’être harcelé
  • Problèmes d’apprentissage : l’enfant ne pourra pas poser de questions ou demander de l’aide et les enseignants peuvent avoir du mal à évaluer ses compétences.
  • Des résultats scolaires, professionnels et relationnels insuffisants par rapport à leurs capacités

C’est pourquoi il est essentiel que les enfants atteints de mutisme sélectif reçoivent l’aide et le soutien d’adultes bienveillants.

Laisser un commentaire